RAPPORT SUR LA PAROISSE
ST AIGNAN DE BAULE
(Cahiers de l'Abbé Pasty)
I - POPULATION
En 1845, d'après les documents officiels, la population de BAULE était de 2010 habitants. Depuis cette époque, ce chiffre alla sans cesse en décroissant.
En 1914, le recensement mentionnait encore 1181 habitants mais au dernier recensement, il n'y a plus dans la paroisse que 967 âmes.
CAUSES DE LA DEPOPULATION
1 - Une industrie qui existait à BAULE ayant disparu, les ouvriers n'ont pu trouver de travail et sont partis.
2 - Un hectare deux ou trois au maximum plantés en vignes cultivés entièrement à la pioche suffisaient à occuper une famille même très nombreuse et lui permettaient de vivre très pauvrement d'ailleurs.
3 - La culture mécanique a exigé de plus grandes propriétés. Or, Baule encerclé par la Loire, Meung sur Loire, Messas et Beaugency n'a que 1200 hectares de terres cultivables et cultivées. Ce ne sont donc pas les bras qui manquent à la terre mais la terre qui manque aux bras.
4 - Soixante quatre enfants de BAULE sont morts à la guerre. Beaucoup de personnes âgées ont voulu pour remplacer leurs enfants, faire le travail des champs, s'y sont épuisées et ont succombé à la peine.
Il y a peu de chance que Baule possède à nouveau un nombre d'habitants aussi élevés qu'autrefois. Les hameaux éloignés ont été en partie détruits. La culture intense par la machine est faite facilement.
L'installation de l'électricité et la création d'une industrie pourront seules apporter une modification à la situation présente.II – POINT DE VUE RELIGIEUX
Avant la révolution Baule possédait :
1 – La chapelle St Jacques à Langlochère desservie par les chanoines de Meung .
2 – La chapelle de Villeneuve desservie par le vicaire de Baule. Cette chapelle d'abord mixte est devenue exclusivement catholique. Elle a été vendue 85 francs par la municipalité en 1912.
3 – une église située à Baule près du château dit « de l'avocat ». Cette église de beau style possédait d'admirables vitraux et des tableaux de grand prix : elle a été incendiée en 1861 par un fou et remplacée par l'église actuelle entre Baule et Foisnard . L'édifice actuel a grande allure mais les nefs latérales sont bâties sur glaise donc peu solides.
4 – Enfin Villeneuve possédait un temple protestant, maintenant abandonné ; le service du culte était assuré tous les mois par un pasteur de la Chapelle St Mesmin . L'INCENDIE DE L'EGLISE
Catholiques et protestants de Baule étaient fervents, et l'harmonie régnait entre eux. Lorsqu'en 1861 l'église fut incendiée, les offices furent organisés à Foisnard dans la classe des filles. L'édifice étant trop restreint pour contenir les fidèles, les hommes prirent l'habitude de ne venir à la messe qu'aux jours de grandes fêtes.
LA GUERRE 1870-1871
Des soldats français furent tués sur le territoire de la commune et dépouillés par des baulois . Quelques familles vinrent visiter le champ de bataille et réclamer les objets trouvés sur les corps. L'abbé Guiot , curé connaissant les coupables fit restituer les objets volés. Alors naquit cette haine pour la religion que rien n'a pu diminuer. Haine dont la violence et la ténacité n'est possible que chez des paysans.
MONSIEUR L'INSTITUTEUR
Puis arriva un nouvel instituteur qui exerça de longues années ici. Son rôle a été des plus néfastes : il fonda une bibliothèque municipale (et y fit entrer tous les livres antireligieux possible) ; une société de tir, une fanfare républicaine, etc …
Alors l'on vit des mariages et des enterrements civils ; à certains enterrements religieux certaines personnes gardaient leurs coiffures à l'église, restaient assis et fumaient leur cigarette.
Après la guerre, poussés par les anciens quelques jeunes voulurent reprendre ces coutumes : deux interventions respectueuses mais énergiques du nouveau curé fit tout rentrer dans l'ordre.PARTI DE L'ORDRE
Pour réagir, des hommes de bonne volonté se réunirent et fondèrent l'union musicale de Baule avec, comme but, l'intention de sauvegarder les intérêts moraux et religieux de la paroisse. Avec patience et ténacité, l'union musicale sut grouper les jeunes et après plus de trente années de luttes, devint la majorité très faible du pays.
Mais on choisit comme maire un neutre sans religion (pour ne pas froisser des éléments plutôt hostiles à l'idée religieuse) et qui travaillait désormais uniquement pour le parti.
Celui-ci donna des ordres et tous, même le curé devaient obéir. Il s'agissait de soutenir le parti.
Mais le curé dut en deux circonstances intervenir énergiquement :
1 – lorsque sous prétexte de soutenir le parti on voulut établir un bal le jour de Pâques, pendant les Vêpres, en face de l'église,
2 – lorsque la coopérative de battage fit travailler le jour de l'Assomption sous prétexte que ce n'était pas un dimanche.
EN CONCLUSION
La population de Baule est cultivée, polie, honnête et laborieuse, presque laborieuse à l'excès.
Les travaux exigés par la vigne, les asperges, les osiers et un peu de culture, obligent les hommes, les femmes et souvent les enfants à être continuellement aux champs.
Tout le travail est fait et bien fait parce que tous y mettent courageusement la main.
L'ensemble des hommes faisant parti de l'union musicale, soit comme membres actifs, soit comme membres honoraires, a un sens religieux assez profond. Chacun des actes importants de leur vie et de la vie de leur famille est sanctionné par un acte religieux.Malheureusement, en dehors de certaines grandes fêtes, ils s'abstiennent d'assister aux offices, et le nombre des hommes faisant leurs Pâques est infime (la religion est nécessaire, disent-ils, mais pas trop n'en faut…).
Cependant, ils entretiennent l'église en bon état, laissent la liberté des processions et gèrent bien leur commune.
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